mardi 27 mai 2014

Une cuisson en fosse à l'archéosite d'Ardèche

C'était le 1er mai dernier, à Randa Ardesca, le futur Archéosite d'Ardèche qui ouvrira tout bientôt ses portes. (www.randa-ardesca.com).
Afin d'optimiser le savoir.faire des animateurs du site, deux stages de perfectionnement à la céramique préhistorique et antique étaient prévus en ce début d'année. La première partie a été consacrée aux méthodes de fabrication, modelage, tournage et techniques hybrides. Le site de Randa Ardesca y consacre un article ici.
Lors de la seconde session, la cuisson d'un lot de céramiques préhistoriques modelées en mars était au programme. Il s'agissait de réaliser une cuisson en fosse ouverte, également dite en aire. Ce mode de faire est encore pratiqué en Afrique. Bien que les traces laissées par ce genre d'opération soient très fugaces, cette technique a été reconnue en Italie notamment pour la période néolithique.
On pratique une légère excavation, dont le remblai sert de paroi. Les céramiques y sont déposées en son centre. On veillera à pratiquer uen aire suffisamment large pour pouvoir préparer un feu de départ qui ne soit dans un premier temps pas en contact direct avec les vases mis à cuire.
Le feu est allumé progressivement jusqu'à ce qu'il forme un anneau autour du tas de céramiques. De simples déchets de taille de haies  et broussailles peuvent parfaitement convenir à ce type de cuisson. Guillaume et Benjamin, co-administrateurs du site suivent attentivement la progression du feu.
La montée en puissance du feu doit être progressive. Trop rapide, elle risquerait de provoquer l'éclatement des pièces les plus exposées.
Puis, progressivement, on referme le foyer sur les vases, un peu comme une corbeille que l'on monte à l'envers.
A la fin, la fournaise devient terrible, l'impact thermique est énorme, et les pièces cuisent très rapidement.
 Laissées dans le feu mourant, les céramiques redeviendraient claires par oxydation de leur surface. Tout l'art de ce genre d'opération réside en une imprégnation de carbone par contact pour les noircir. On retire donc à l'aide de longs bâtons les céramiques encore brûlantes du feu, et on les plonge dans un hachis végétal, Sciure, balle de céréales, herbe finement coupée, paille, tout peut faire l'affaire. On pourrait aussi les rouler dans l'herbe fraîche. L'effet serait toutefois moins puissant
Ainsi imprégnées, les pièces deviennent noires. Une sorte de raku préhistorique, en quelque sorte.
les vases qui restent dans la cendre s'éclaircissent progressivement. Leur couleur finale dépend à la fois des argiles utilisées et des combustibles. Ici, on est plutôt dans le gris clair, ce qui est plutôt rare.
Un beau "tableau de chasse"!. Aucune casse à déplorer, ce qui n'est guère courant. Ces cuissons sont brutales, et les argiles doivent être très résistantes pour les supporter sans dommage. On a ici un échantillonnage de pièces du néolithique et des âges du bronze ardéchois. Au premier plan, une trompe du Bronze final faite par Benjamin Margotton, notre luthier préféré, qui pour une fois a troqué le bois contre l'argile. Avec un certain bonheur, visiblement!



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